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Non possumus.

Non possumus. Ainsi voulais-je résumer d'une phrase le vote qui eût été le mien par la procuration donnée lors du conseil d'agglomération qui se réunira jeudi 5 juillet prochain à Gayant Expo.

J'ai souvent souligné l'énergie et le talent développés par le Président Christian Poiret, qui a su sortir notre arrondissement de son déclin économique en attirant à force de travail et de compétence des entreprises importantes, pourvoyeuses d'emplois nombreux, certes souvent peu rémunérateurs, mais tellement préférables au chômage source de tant de relégation sociale.

Le Président Poiret a les défauts de ses qualités, et ses qualités sont nombreuses; énergique, il ne s'embarrasse pas des formes; talentueux et passionné, il surclasse nombre de ceux qui l'entourent, et le considèrent avec une admiration non exempte de crainte.

Christian Poiret est issu du monde de l'entreprise, et il en est fier, à juste titre; un monde de "mâles blancs", selon l'expression récemment usitée par le Président Macron, un monde de rapport de force, de " burn-out " des plus fragiles, de culte de la compétitivité, un monde rugueux et masculin. Un monde où la courtoisie est parfois perçue comme une faiblesse, et l'attention à autrui comme un encombrement. Un monde où l'humiliation est un mode de gouvernement, à l'image de ce grand parti d'opposition dont la vice-présidente à peine congédiée s'est vue refuser l'accès à son bureau, ses affaires personnelles ayant été jetées méprisemment dans un carton.

D'aucuns me répondront que le règne de la terreur est utile, puisqu'il assure la longévité de ses inspirateurs. Certes. Mais qu'il doit être triste de n'être entouré que de créatures serviles et tremblantes, dont la compagnie n'est fondée que sur l'intérêt, et la fidélité périssable au premier revers ! Qu'on se souvienne de la mort misérable du tyran Staline, dont nul affidé n'appela à son secours le moindre médecin avant que tous ne fussent bien assurés qu'il était perdu.

Mais je m'égare, le Président Poiret n'a point Joseph pour prénom, à tout le moins pas encore, et le bon sens triomphant, cela n'adviendra pas.

Christian Poiret a le sens de la famille, peut-être parfois trop, et le mérite d'une vision simple : on est avec, et l'on est choyé, ou bien l'on est contre, et l'on est humilié. Quelques-uns tentent de se faufiler entre les gouttes, tel Frédéric Chereau ployant l'échine dans l'espérance un brin chimérique de remporter la mise après les municipales de 2020 en s'alliant avec des non-inscrits... dont est précisément élu Christian Poiret. Vaste programme, eût dit le Général.

C'est ainsi qu'il créa Arkeos, au grand bonheur d'un maire qui vit sa commune équipée d'un outil dont on assurait qu'il devait attirer la foule -laquelle ne viendra pas-. Qu'importe, nous dit-on, si la culture est extérieure aux compétences communautaires, on fera une coûteuse exception pour ce grand projet. Elle fut faite, elle se poursuit, chaque agrandissement étant présenté comme un nouveau syphon à visiteurs, lesquels se font toujours désirer. Et puis, ajoute-t-on, c'est de l'attractivité. Peut-être. Mais de quoi ?

Cet argent mis à flots dans un équipement de prestige dont le prestige tarde fut compté avec parcimonie lorsqu'il s'agit du financement du service archéologique de l'agglomération : nous avions des archéologues sans musée archéologique, nous avons désormais un musée archéologique sans archéologues. Dépense-t-on moins pour autant ?

Vint plus récemment le tour du vice-président en charge du dossier, le même pour qui on avait créé ce musée : 48 heures avant l'inauguration de son agrandissement, il apprit par courrier recommandé qu'il était congédié. Un élu est décidément peu de choses lorsqu'on cause préhistoire : à peine le chef de clan est-il désigné qu'il est dévoré par ses siens.

Vient donc aujourd'hui le tour de ce bon M. Hatu, qui a le tort d'avoir trouvé plus têtu que lui. M. Hatu, président du Syndicat des Transports, succédant à Françoise Prouvost, a des idées simples, lui aussi, mais qui ne sont point familiales : au renvoi d' ascenseur, il préfère les études statistiques. L'un de ses prédécesseurs ayant quasi-ruiné les transports du Douaisis à force de gestion politique, M. Hatu s'en tient à la gestion technique : succédant au tramway fantôme du Douaisis, l'autobus du bon M. Hatu ne doit à ses yeux circuler que là où l'occasion lui sera donnée de transporter des passagers.

Erreur fatale, lui répond-on ! Un autobus doit circuler vide ou plein, gratuitement même, sur chaque route qu'un élu fait, pour le plus grand bonheur de ses électeurs ! (Voir ci-dessous l'article consacré à la desserte de l'Arleusis).

Un esprit candide me répondrait qu'un électeur est également contribuable, et se rendra vite compte qu'un autobus vide coûte plus cher que l'un des vélos doux chers à M. Avenel. Eh bien non, et c'est là toute la rouerie du Président Poiret.

Rendons à Poiret ce qui est à Poiret : il n'humilie pas que les petits, et ne néglige pas de boxer en toutes catégories. On se souvient qu'il allongea d'un foudroyant direct l'édile Douaisien d'alors Jacques Vernier, réduisant la représentation de la ville-centre à 18 élus sur 60, au mépris de toute représentation démographique.

C'est ainsi, amis lecteurs, que les autobus vides et gratuits qui s'annoncent sillonnant nos jolis chemins ruraux seront créés par le vote des élus majoritaires des communes peu peuplées, et bientôt financés par l'impôt... des contribuables de la ville-centre, bons payeurs mais petits électeurs.

On avait connu le suffrage censitaire, le Président Poiret a eu le trait de génie d'en inverser le donne : plus on paie, moins on vote !

A ce stade de mon propos, je veux rappeler deux " marqueurs " de tout élu Centriste : il est viscéralement démocrate, et préfère l'équilibre budgétaire à l'impôt. On comprendra aisément que la volonté affichée de remplacer M. Hatu, qui peut être têtu, et parfois maladroit, par un obligé du Président Poiret me donne comme un avant-goût de réveil douloureux.

A deux ans des prochaines municipales, les grandes manoeuvres se profilent : mobile supplémentaire de raison garder. La présence du Président Poiret au CA du Syndicat des Transports me convenait tout à fait; elle était gage d'une plus grande rigueur formelle, et de la transparence. Il eût fallu s'arrêter là, protégeant l'équilibre entre politique et technique. Que l'un des deux prennent le pas sur l'autre, et c'est soit la gabegie, soit le mépris technocratique : on voit chaque jour en Europe ce qu'en pensent les peuples.

Mais, me dira-t-on, M. Hatu a jeté l'éponge. Qui pour lui succéder ? Un vieux camarade murmurant à l'oreille du Président Poiret, le front ceint des lauriers du nouveau César ?

J'ai un nom. Un nom de femme, ce qui serait révolution. Un nom synonyme d'un caractère trempé, qui tient tête à son maire. Un nom qui annoncerait aussi un vrai respect des formes, et le souci des intérêts humains. Un nom, enfin, qui serait celui d'une contribuable de la ville-centre, siégeant déjà au Syndicat des Transports : Maître Nadia Bony, adjointe au Maire de Douai.

Chiche, César-Christian Poiret ?

Franz Quatreboeufs

Conseiller d'agglomération du Douaisis.

PS : le conseil d'agglomération, fixé au 23 juin, ayant été reporté au jeudi 5 juillet, j'en serai malheureusement absent, en raison d'un déplacement projeté de longue date. Mon pouvoir sera bien évidemment donné.

PPS :  " Non possumus " : locution. latine signifiant " nous ne pouvons pas ". Usitée pour exprimer un refus catégorique, avec cette nuance qu’il ne dépend pas de la personne sollicitée d’accorder la demande. (Orig. : Actes des Apôtres, IV, 20).

 

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